Charlie est partie depuis un moment déjà et quand Jackson est rentré et qu'il m'a demandé comment ça c'était passé, j'ai senti que je pourrais pas lui parler à cause de cette boule dans ma gorge alors je me suis eclipsée dans la salle de bain dans laquelle je me suis mise à pleurer. Mes craintes sont pourtant infondées, mais lorsqu'elle a regardé les photos les yeux de Charlie se sont illuminés, quelque chose me dérange dans sa façon d'être.

J'ai peur de perdre ma petite soeur.

- Alix? Est-ce que ça va? Me demande Jackson derrière la porte.

- Laisse-moi deux minutes, reniflai-je.

- Tu t'es disputée avec ta soeur? Pourquoi tu pleures?

- Non.

- Alix, soupire-t-il en ouvrant la porte que j'avais oublié de vérouiller.

- J'ai pas envie de parler.

- Alors on en parlera pas mais t'enferme pas comme ça.

- Tu as pitié, c'est pire, je supporte pas ton regard sur moi, tu fais que me confirmer que j'ai raison de m'inquiéter, dis-je en me relevant après avoir essuyer mes larmes.

- J'ai fait ça? S'étonne-t-il.

- Tu t'en rends pas compte c'est ça le pire, mais dès que tu as franchi la porte tu m'as donné envie de pleurer.

- Je suis désolé, c'était pas voulu.

- Je sais que c'est pas voulu, mais tu es trop gentil, tu t'inquiète trop. Je vais sortir un moment pour m'aérer la tête, je pense à tout ça un peu trop.

- C'est une bonne idée, ça te tracasse au dela de ce qu'il faudrait, ne dramatise pas autant, Charlie ne te renieras jamais.

- J'espère...

- Tu rentreras tard?

- Je pense que je dormirais à l'hôtel ce soir, j'ai besoin d'être seule.

- Tu vas pas un peu loin? Allez jusqu'à t'isoler.

- Je t'appellerais quand j'aurai loué une chambre, ne t'inquiète pas. J'ai juste besoin de me reposer.

J'avais aucune envie de voir sa tête en ce moment, il s'inquiète pour moi encore plus que moi pour ma soeur et ça me rend dingue.

Je ressentais une étrange sensation, quelque chose que je n'arrive pas à identifier mais qui provoque cette crise de larmes. Je n'avais pas éprouvé quelque chose comme ça depuis longtemps...

- Charlie? S'inquiète alors Alix.

- Tu crois qu'ils sont morts et que c'est pour ça que je suis là? Dis-je en ravalant un nouveau sanglot.

- Je sais pas, mais c'est ce qui me semble le plus logique quand on voit ça...

- Tu l'as vu aussi, ce sont des photos d'une famille heureuse non? Alors pourquoi je suis toute seule ici?

- Je sais pas Charlie, je suis désolée.

J'ai laissé sortir toutes ces larmes avant de me redresser et de prendre une profonde inspiration.

- Je sors un moment.

- Où tu vas?

- Je vais faire un tour. Mets ça sur mon bureau, elles sont à moi.

- Biensûr.

- C'est tout ce qui me reste pour savoir ce qui est arrivé à ma famille.

- Ta famille, oui, répète-t-elle, d'un ton si triste que j'ai failli me retourner pour aller l'enlacer. Mais je ne l'ai pas fait. C'était ce que j'ai ressenti je l'ai donc dit. Non pas qu'Alix ne soit pas ma famille aussi mais eux...c'est à eux que je ressemble, c'est ma famille aussi. Qu'elle ait peur que je m'éloigne d'elle n'est pas ma priorité à cet instant. Je lui ai déjà dit de toute façon qu'elle se faisait des films.

J'ai couru, j'ai marché, tout ça pour arriver au cimetière. J'ai parlé en pensée à ma mère, elle était morte sans avoir dit qui étaient mes parents biologiques. Pourtant elle devait le savoir. Ou papa. Mais quelqu'un devait le savoir, ils n'auraient pas dû mourir tous les deux sans le dire... Ma tâche sera difficile mais devant cette tombe j'ai fais la promesse que même si c'était douloureux même si je devais y passer des années. Je trouverais d'où je viens.

Cette enveloppe que j'ai attendu toute la journée est enfin devant moi, mais j'attends de calmer mon coeur avant de l'ouvrir il s'est mis à battre si vite.

- Ca va? Me demande Alix qui me dévisage depuis mon arrivée.

- Oui, je me prépare, dis-je avant d'ouvrir l'enveloppe en question pour en sortir quelques photos que je regarde doucement... Ce sont eux...

En regardant la première photo, je suis surprise de remarquer qu'il y a des inscriptions derrière.

" Shanon et Marius"

- Ma soeur, mon père...

"Charlotte et Denise"

- Ma mère et moi...

" Charlotte et Marius"

- Mon père et moi...

"

"Marius et Denise "

- Mes parents... Ils ont l'air de s'aimer.

"Charlotte, Shanon, Denise et Marius"

- On avait vraiment l'air d'une famille qui s'aime... Je sentais les larmes venir mais je ne pouvais pas faire autrement. J'avais devant moi la preuve que ce dont je rêve ce sont vraiment eux, et donc que ce sont réellement des souvenirs. J'ai remis les photos dans l'enveloppe et je les ai remises dans la pochette devant moi. Je connais au moins leurs visages et leurs prénoms...

Celle qui a regardé la boîte avec angoisse en rentrant du boulot, c'était moi et non pas Charlie. Même si elle m'a déjà appelé pour me demandé si c'était arrivé. C'est le cas. Je n'ai pas ouvert l'enveloppe, je l'ai juste glissé dans un dossier au cas ou quelqu'un d'autre arriverait avant elle.  Il fallait évidemment qu'elle ait un truc à faire aujourd'hui qui la ferait rentrer plus tard que d'ordinaire.

Je lutte contre l'envie d'ouvrir cette lettre mais je m'y oblige, si je voyais ces photos, je ne suis pas certaine que je les laisserai en état et que Charlie puisse les regarder ensuite... Ca m'ennuie et je ne sais pas vraiment pourquoi, qu'elle veuille savoir d'où elle vient.

La porte d'entrée s'ouvre soudain laissant entrer une Charlie essouflée et qui jette son sac dans le coin pour me regarder aussitôt.

- Alors?

- Je t'ai attendu, l'enveloppe est toujours fermée.

- Sérieusement? Vas-y montre !

- Viens t'asseoir pour commencer.

- J'arrive.

- Bon Charlie, tu sais ce que ça veut dire une fois que tu auras regardé ça?

- Je veux savoir à quoi ils ressemblent, j'ai le droit non?

- Oui évidemment que tu as le droit. Mais ce ne sont que des photos. Aucune réponse ne te sera donné avec ça.

- Je sais, j'y ai pensé toute la journée. Peu importe j'utiliserais ces photos pour trouver qui ils sont. Et peu importe les conséquences. C'est mon droit non?

- Si c'est vraiment ce que tu veux. Tiens. Dis-je en posant l'enveloppe devant elle.

- C'est si important pour toi? Me demande-t-elle. Comme si c'était vraiment une question, pour moi c'est l'évidence.

- Evidemment, voir des photos, ça permettrait de confirmer ce que je vois. Si c'est bien ma famille.

- Ta famille? répète-t-elle, visiblement blessée. Ce n'était pas mon but, je suis fatiguée et c'est sorti tout seul.

- Biologique, ajoutai-je. Ma famille biologique.

- Ca pourrait te faire plus de mal que de bien.

- Tu l'as déjà dit, je veux quand même savoir, ça me rend dingue de me poser toutes ces questions.

- D'accord, grimace-t-elle, puisque tu es si décidée on fera comme tu voudras.

- Super. Je monte maintenant.

- Charlie ! M'interpelle-t-elle alors que je suis déjà dans les escaliers.

- Quoi?

- Tu arrêteras si ça devient trop difficile d'accord?

- M'arrêter? J'ai même pas commencé.

- Charlie maman ne voulait pas que tu cherches car ça te ferait mal. Ce fut la dernière chose qu'elle m'ait dite avant d'aller dans la salle de bain en silence alors je suis montée en réfléchissant à ce que ça pouvait bien vouloir dire.

- Ne pas rechercher? Dis-je en arrivant près de ma chambre, me plantant devant les papillons. J'ai l'impression que ça ne m'a jamais vraiment quitté. Je suis désolée maman. Même si ça fait mal et que je le regrette ensuite, je veux savoir ce qui s'est passé, pourquoi je suis ici, et ou ils sont eux, sont-ils morts ou vivants?

J'ai fixé encore quelques secondes les papillons, j'aimerais tellement me souvenir pourquoi ces trucs ont tant d'importance, parce qu'ils en ont j'en suis certaine.

Je suis allée me coucher non sans être allée jeter un oeil sur le forum pour m'assurer qu'il n'y avait pas de messages pour moi. Et c'est une nuit agitée qui m'attendait, trop d'impatience et peu de sommeil.