- Pourquoi tu dis ça?

- Parce que tu passes par Lucy pour chaque chose, tu rapportes tout à Lucy et tout ça. Est-ce que tu fais ça à cause de ce que tu éprouves pour elle?

Il se contente de rire ce qui m'agace un peu mais ça faisait longtemps que je l'avais pas entendu alors j'apprécie.

- Mais quoi? Pourquoi tu ris? J'ai dit des bêtises?

- Lucy, sourit-il, je ressens plus rien pour elle depuis un moment, en fait je crois que j'étais un peu confus pour ce que je ressentais envers elle mais c'est dépassé aujourd'hui.

- Quoi? Ecarquillai-je les yeux, abasourdie.

- Petite et naïve Béatrice, dit-il en repoussant une mèche. Est-ce que tu crois vraiment que je prendrais de tes nouvelles, ou encore accourrais pour toi en plein milieu de la nuit, si c'était pour Lucy? Elle sait pas encore que je suis rentré.

- Alors quoi?

- Tu veux vraiment savoir ce qui m'arrive? Même si tu devrais le regretter ensuite?

- Je pensais qu'on se disait tout déjà.

- Pourtant un sujet ne semble pas t'effleurer l'esprit parce que tu n'as d'yeux que pour ce Damian.

Je fronce les sourcils en sentant mon cœur battre au point qu'il pourrait sortir de ma poitrine, qu'est-ce que ce sentiment?

- Je me suis pourtant promis de ne pas te le dire.

- Dis-le, l'incitai-je, en repoussant à mon tour une mèche qui tombait devant ses yeux. L'atmosphère était bien étrange pourtant j'avais une terrible envie d'entendre la suite.

- Si je ne reviens pas c'est parce que j'ai de plus en plus de mal à te regarder avec ce gars, lâche-t-il alors que ma fille se fait entendre. J'y vais, se relève-t-il.

- Nolhann, termine ta pensée, tu ne peux pas voir Damian, c'est pas vraiment un scoop, Le suivis-je des yeux alors qu'il sort de la chambre. Tu m'évites à cause de lui? T'es sérieux?

- Réfléchis à tout ça et on en reparlera, dors maintenant.

- Mais...

- Je vais la rendormir et m'installer au canapé, je serais pas loin.

- Ok.

J'ai fermé les yeux en essayant de comprendre ce qu'il voulait dire par ces fichus sous entendus et je me suis endormie, tranquillement, sachant parfaitement qu'il prendrait soin de ma fille.

A peine le café fini Nolhann m'ordonne presque d'aller dormir et pour être certain sûr que je le fasse il m'accompagne dans la chambre.

- On vient de boire du café tu crois vraiment que je vais dormir?

- C'est du déca, rit-il, tu penses que j'ai pas senti le goût? Allez dors un peu tu as l'air épuisée.

- J'arriverais pas à dormir.

- Que veux-tu que je fasse pour que tu dormes un peu? Tu as l'air épuisé.

- Reste, tentai-je.

- Rester? Répète-t-il. Si ton mec débarque il va pas apprécier.

- Il ne rentrera pas et puis il avait qu'à être là, si je veux que mon ami reste, il reste c'est tout.

- Sûre?

- S'il te plaît. Je me sens plus rassurée quand tu es là.

- Ok, accepte-t-il plus facilement que je l'aurais cru, je reste un moment.

- Merci.

- Arrête de me remercier.

- Mais tu es toujours en train de m'aider, c'est normal.

- Je le ferais pas si j'en avais pas envie.

- Alors pourquoi tu rentres pas plus souvent? Le regardai-je droit dans les yeux.

- Tu ne me laisseras rien passer pas vrai?

- C'est que je te comprends pas, tu peux te montrer si proche et si loin à la foi.

- Est-ce que tu te poses des questions à cause de moi?

- Évidemment, j'étais déçue de ne pas te voir quand je suis sortie de cette cave, tout comme je l'ai été que tu sois reparti à mon retour ici. Puis tu reviens à Noël et tout ce que tu fais c'est parler de ton boulot. Aujourd'hui je t'appelle et bam t'es là, je suis complètement perdue.

- Je suis venu, soupire-t-il.

- Quoi? T'es venu?

- Quand ils t'ont retrouvés, je suis venu.

- Je comprends pas, t'étais avec Lucy quand j'ai appelé et personne ne m'a rien dit.

- J'étais rentré mais je suis venu vérifier par moi-même, j'ai croisé ton frère tu pourras le lui demander.

- Pourquoi t'as pas attendu?

- Parce que tu étais sous bonne garde avec Damian et que Lucy voulait des nouvelles.

- Admettons, mais j'ai une question.

- Maintenant qu'on y est pose.

- Est-ce que tu fais tout ça pour Lucy? Parce que tu sais que ça lui fait plaisir que j'ai ton aide?

On est allé à la cuisine ou je lui ai servi un café mais où aucun mot n'est échangé à part " voilà pour toi" "merci". Mais j'ai pas l'intention d'en rester là, je veux savoir comment il a pu arriver si vite dans mon appartement.

- Je suis rentré aujourd'hui, dit-il avant que je puisse ouvrir la bouche.

- Comment t'as su que j'allais te le demander?

- C'est évident. J'étais pas censé être en ville et je débarque à la minute où tu appelles.

- Tu n'as rien dit quand tu as appelé pour son anniversaire.

- Parce que j'étais pas sûr. Je regrette déjà de pas avoir été là.

- Elle est trop petite pour s'en souvenir de toute façon.

- Oui mais quand même j'aurais préféré être là.

- Ce sont des choses qui arrivent.

- Mais je suis là pour le tien, continue-t-il tranquillement, bon anniversaire, dit-il ce qui me fait avaler ma gorgée de travers.

- Tu te souviens que c'est aujourd'hui ou Lucy te l'a soufflé?

- Je m'en souviens, faudrait être con pour l'oublier, hausse-t-il les épaules.

Je le regarde, perplexe, il semble avoir arrêté sa phrase en plein milieu.

- Tu te souviens quand on s'est rencontré? Reprend-il.

- Un an et quelques jours, oui, acquiesçai-je, j'y avais pensé quand la date est passée.

- Une année pourtant on dirait que ça fait des années qu'on se connaît.

- On parle librement entre nous, c'est sans doute pour ça.

-  D'ailleurs puisque tu dis qu'on parle librement, je peux te demander quelque chose?

- Rien ne t'en empêche normalement.

- Tes yeux, ça empire?

- Doucement mais sûrement, j'ai remarqué à la maison que je ne voyais plus les étoiles.

- Je m'en doutais, c'est pour ça que tu n'étais pas restée pour regarder le ciel.

- Tu avais remarqué?

- J'ai eu un doute mais tu n'as rien dit, j'ai laissé couler.

- Merci, je venais de m'en rendre compte j'aurais pas pu assumer la conversation.

- Et aujourd'hui? Tu en parles autour de toi? Ça doit commencer à se voir.

- Je suis prudente, j'ai encore rien réussi à dire.

- Même au déserteur? Oui j'ai entendu de Lucy qu'il était parti pour le boulot, oui je prends des infos sur toi auprès d'elle pour ne pas déranger quand il est là, il me supporte pas.

- Oh. Compris-je soudain l'absence des appels. Non il le sait pas encore mais je me suis résignée à le lui dire, je vais finir par faire une boulette, je dois allumer les lumières pour ne pas me cogner même pour traverser le couloir.

- Il est stupide de pas encore l'avoir remarqué.

- Occupé, surtout.

- Mouai peut-être.

- T'es au courant de ma soirée demain? On fait un truc avec quelques amis et j'ai convaincu Lucy et Cam' de venir, j'aimerais que tu sois là, si tu peux.

- T'es sûre?

- Oui. Ma mère va garder la petite pour que je puisse sortir et m'amuser avec mes amis pour la première fois depuis longtemps.

- Ok, je viendrais.

Je regarde le café couler en réfléchissant, Nolhann n'est venu qu'une fois, quand il est rentré pour Noël il est venu apporter son cadeau à la petite ici car il ne savait pas s'il allait me voir autrement. Et il a réussi à se souvenir de l'adresse ainsi que de l'emplacement de sa chambre.

Après un moment je décide d'aller voir s'il s'en sort et j'entre dans la chambre en silence pour être épatée devant la scène qui se tient devant moi, ma fille est dans son lit et il me semble au manque de bruit qu'elle dort.

- T'es sérieux? Dis-je en remarquant qu'il range son téléphone dans sa poche.

- Elle vient de s'endormir.

- Comment t'as fait?

- La bonne vieille méthode des musiques, sourit-il, j'ai mis le reste des médicaments dans le tiroir, tu en auras comme ça.

- Merci, j'espère que ça va suffire.

- Si c'est pas le cas tu iras chez le médecin mais pour le moment ça devrait le faire.

- Comment tu sais ça?

- J'ai vu faire.

- Lucy?

- Oui. Pour l'endormir j'ai tenté ma chance avec ce qui marchait avant.

- Visiblement ça marche toujours, c'est  vrai que je n'y pensais pas.

Tu as facile à t'occuper d'elle, tu t'en sors mieux que moi.

- Dis donc pas de bêtises, et sortons d'ici avant de la réveiller.

- Tu as raison, laisse juste la porte entrouverte.

- Je me doute bien.

J'avais repris mon calme en la rafraichissant, sa température n'était pas si élevé,  je pense qu'avec un peu de patience elle descendra toute seule. En attendant j'essaie de lui faire boire de l'eau, elle se baladera en couche pour le reste de la nuit et j'ai vérifié je n'ai plus rien comme médicament pour ça, il faudra que je fasse une descente à la pharmacie mais que demain, je me tenterais pas de sortir avec mes yeux comme ça avec un bébé malade.

L'interphone résonne me faisait sursauter.

- Qu'est-ce que c'est? Demandai-je pensant que j'avais peut-être fait trop de bruit pour le voisin grincheux du dessous.

- C'est moi, entendis-je la voix de Nolhann.

J'écarquille les yeux, abasourdie.

- Hey t'es là? Je peux monter?

- Oui oui monte, tu te souviens où c'est ?

- T'inquiète.

- Il en rentré, déduisis-je alors que je réalise qu'il débarque après avoir entendu mon appel.

Je ne l'ai pas vu depuis Noël et je ne l'ai pas eu au téléphone de la semaine et le voilà qui débarque après un appel. Le temps que je reprenne mes esprits que l'on toque à la porte.

- Salut, ouvris-je la porte.

- Salut.

- Qu'est-ce que tu fais là?

- Je t'ai rapporté de quoi faire baisser sa température, hausse-t-il simplement les épaules.

- Quoi? Regardai-je le paquet qu'il me montre à l'intérieur de sa veste.

- T'es fou? En pleine nuit?

- Une demoiselle en détresse à aider, sourit-il.

- Allez entre les voisins vont encore râler, soufflai-je, elle est à la cuisine.

- Je te suis.

- Elle a jeté son biberon soupirai-je en allant ramasser l'objet en question.

- Quelle chipie rit-il dans mon dos.

- C'est le mot, elle est impossible en ce moment.

- Vraiment?

- Oui, une mauvaise période à passer, tu veux un café?

- Avec plaisir, dit-il en la prenant dans ses bras, alors tu fais des frayeurs à ta maman? T'as pas honte?

- Je crois que j'ai un peu paniqué tout à l'heure, je suis désolée si je t'ai fait peur.

- C'est normal tu n'as pas l'habitude, elle est pratiquement jamais malade.

- C'est vrai.

Je le regarde enlacer ma fille qui se trouve être sage dans ses bras et j'en reste bouche bée, elle ne dit rien alors qu'elle est vilaine avec beaucoup en ce moment.

- Qu'est-ce que t'as? Me regarde-t-il ensuite.

- J'hallucine, elle se laisse faire.

- Je vais aller lui donner le truc que j'ai acheté et la mettre au lit.

- Elle voudra pas.

- Je peux essayer?

- Si tu veux, je vais faire le café pendant ce temps.

- Sa chambre c'est au fond à gauche c'est bien ça?

- C'est ça.