- Déjà arrête de pleurer, dit-il en essuyant mes larmes. Le contact de sa main sur ma joue m'a fait sursauter mais je l'ai laissé faire, de toute façon j'avais plus aucune force. Ensuite ce que je vois, je le vois parce que j'ai un cerveau.

- Eloys, comment je fais pour savoir si là, t'es pas juste en train de me manipuler pour après te foutre de ma gueule avec les autres?

- T'es la seule juge. Je t'oblige à rien croire. Je me sentais mal de t'entendre pleurer, je suis venu essayer de t'apaiser, j'ai fini par trop parler mais bon, tant pis.

- Ok, je décide de suivre mon instinct et te faire confiance, si tu veux bien l'entendre alors je vais te le dire, après tu comprendras mon état.

- Si ça peut t'aider à te sentir mieux.

- Tao, je suis sortie avec lui il y a quelques temps déjà mais Nicole a tout ruiné, et apparemment après ce que j'ai entendu de Nolhann, elle était vraiment dingue et elle refusait de me voir avoir quelque chose qu'elle n'avait pas. Mais Tao et moi on avait décidé de rester amis dans leur dos à tous, on s'entendait bien, il était l'ami que j'avais besoin de voir quand j'allais vraiment pas bien.

- Mais vous avez recouché ensemble c'est ça? Et du coup tout va de travers. Enfin j'imagine vu la tête que tu as fait tout à l'heure.

- Voilà, j'ai un peu de mal à regagner mon calme vu son attitude après. Je suis tombée de haut.

- C'est récent en plus , non?

- La nuit dernière, il est arrivé en pleine nuit, il avait bu, je sais pas, j'ai cédé, sûrement à cause de ce qu'on a vécu ensemble je peux pas nier l'évidence, j'ai toujours pas tourner la page complètement.

- Je peux te donner un conseil? Tu es libre de le suivre ou non.

- Dis toujours, si ça peut m'aider à m'extirper de tout ça.

- Tao, coupe les liens avec lui, parce que s'il a pas de couilles pour revenir avec toi c'est que c'est un bouffon, et te faire ça en sachant ce que tu ressens alors c'est encore pire.

- Comment tu veux qu'il le sache.

- Ma main au feu qu'il le sait , c'est pour ça qu'il est venu te voir.

- Je sais pas, je sais plus, mais c'était le seul sur qui je pouvais compter si je coupe les ponts avec lui je me retrouve toute seule, laissai-je ma tête tomber contre son épaule.

- Ohh, qu'est-ce que tu fais là?

- Excuse-moi.

- Ca va, laisse tomber pour ce soir, t'es complètement abattue, et ben non maintenant il est plus le seul, si tu veux parler alors appelle-moi ou alors appelle Swann, elle demande que ça d'être ton amie. Alors arrête de t'accrocher à lui par peur d'être seule.

- J'ai l'air complètement pathétique, je me déteste quand je suis comme ça. En plus j'ai mal au crâne.

- Calme-toi, t'as eu trop de trucs aujourd'hui, essaies de reprendre tes esprits puis tu iras te recoucher. Ca ira mieux demain.

- J'imaginais pas que tu pouvais être gentil à ce point.

- Je t'en prie ne va pas le crier sur tous les toits, fais comme Swann. Je suis plus tranquille comme ça.

- D'accord, dis-je en sentant ses bras se refermer sur moi.

- Allez va, tu n'es pas aussi transparente que les gens veulent te le faire croire.

- Tu crois?

- Si t'avais été comme ça je me serais même pas retourné sur toi, j'aurai continué à t'ignorer.

- Merci en tout cas, je me sens mieux d'avoir discuté.

- Alors tant mieux.

Nolhann se sentait apparemment coupable d'avoir cru Nicole à l'époque alors je ne pense pas qu'il ait inventé cette histoire. Nicole m'avait vraiment voulu du mal au point d'en vouloir à ma vie? C'est vraiment dingue comme idée. Enfin pas si dingue quand on repense au fait qu'elle avait inventé tant de trucs à l'époque de Tao. Les larmes coulent sans que je puisse les arrêter, j'en pouvais plus de cette journée. J'en savais un peu plus mais de quoi me rendre folle.

- Lucy? Ça va? Entendis-je Eloys qui entre dans la salle de bain et referme la porte.

- C'est pas le moment laisse-moi toute seule.

- Je crois pas non.

- T'as aucune idée de ce que je viens d'entendre, laisse-moi juste le digérer.

- Si justement j'ai entendu, ta chambre est juste à côté de là où vous avez parlé.

- T'as entendu? Me retournai-je vers lui.

- Oui, te mets pas dans cet état pour une fille qui n'en vaut pas la peine.

- Tu avais l'air pourtant de t'intéresser à Nicole, la première fois que tu m'as vu tu as dit que je lui ressemblais.

- Déjà, calme-oi, dit-il en s'agenouillant à côté de moi pour que la conversation baisse de volume. J'ai connu ta soeur, oui, j'ai jamais dit que je l'appréciais.

- Quoi?

- Tu crois vraiment que je suis du genre à suivre comme un petit toutou? Ta soeur et Sarah-Jane sont pareils, je peux pas me les sentir.

- Pourquoi tu viens à ses soirées alors?

- Je suis pas là pour eux mais avec Swann, je peux pas la laisser toute seule, cette partie là je pense que c'est pas le moment de l'expliquer, on verra plus tard.

- Oui mais pourquoi tu sembles avoir changé d'attitude depuis le premier jour avec moi? Je me posais la question en mangeant tout à l'heure, tu as deux personnalités ou quoi?

- J'ai des yeux, je vois ce qui se passe ici, et je pense comme ma frangine, tu es plutôt sympa, j'arrive pas à être distant avec toi, c'est tout. En plus t'as eu dur ce soir pas vrai? Y a pas que Nolhann.

- Tu peux être plus précis que ça? Froncai-je les sourcils.

- Tao, dit-il simplement.

- Quoi Tao.

- Il y a eu quelque chose de bizarre, il était pas à l'aise en arrivant et quand t'as débarqué il a limite joué la provoque. Je vais pas te demander ça me regarde pas mais ou il se passe un truc entre vous soit il y a eu, mais j'ai senti quelque chose.

- Comment tu fais pour tout voir toi? Personne ne capte jamais rien.

- Je suis désolé d'accord? J'aurai jamais dû l'écouter, se retourne-t-il brusquement.

- Alors c'était bien un coup de ma soeur, comme je l'ai vu, t'as vraiment cru que j'étais folle? Réellement?

- J'étais jeune et très con, j'ai cru ce qu'elle m'a dit oui. J'avoue que c'était vraiment très con.

- Tu es débile? Tu m'as abandonnée pour un mensonge de ma soeur? T'es sérieux?

- C'est pas si simple que ça Lucy !

- Alors explique-moi ! Parce que je vais devenir folle à force d'imaginer des trucs.

- Je t'ai croisé après ça et tu ne m'as même pas reconnu !

- Quoi?

- Oui c'est vrai j'ai eu tord d'arrêter de venir jouer avec toi parce qu'on m'avait dit des trucs comme ça, mais je te voyais que pendant les vacances, j'ai laissé couler, j'étais juste un môme, mais un jour je t'ai croisé et en passant près de toi tu as même pas sourciller, tu m'avais juste pas reconnu.

- Attends. Tu veux me dire que c'est de ma faute maintenant? Tu as juste oublié la fille avec qui tu jouais quand t'étais en vacances et voilà.

- Non bien sûr c'est de ma faute, j'aurais jamais du te tourner le dos, quand j'ai réalisé tout ça c'était trop tard. Ensuite j'étais dans le sillage de Nicole elle m'a empêché de t'approcher, j'ai abandonné. Il a fallu qu'on se recroise il y a quelques temps, je ne t'ai pas reconnu tout de suite, enfin j'avais des doutes. Mais le fait est que toi tu avais apparemment oublié toute mon existence.

- Admettons, je connais ma soeur, elle a le don de me pourrir la vie, et comme ut l'as dit, on était des gosses, mais j'ai l'impression, dans mes souvenirs en tout cas, qu'on était proches alors pourquoi quand je t'ai pas reconnu la première fois. Tu t'es pas demandé pourquoi?

- J'ai cru que tu étais fâchée que tu voulais juste m'ignorer, j'ai su plus tard qu'en fait non c'était ta mémoire qui avait fichue le camp.

- J'ai donc vraiment eu un problème à cette époque là? Tu sais ce que c'est?

- Pas avec certitude mais peu être un peu, tu te souviens de quelque chose toi?

- J'ai l'impression d'une grosse dispute avec ma soeur et après trou noir, je sais pas. j'ai eu une drôle de sensation avec ce souvenir.

- Bon dans ce cas tu veux que je te dise ce que j'ai entendu? Je sais pas si c'est vrai, où même si tout ça est lié mais c'est pour ça que je voulais pas te le dire.

- Dis toujours, on verra bien de toute façon je m'attends à tout.

- A une époque j'ai entendu que Nicole avait failli de tuer et que ça ne l'aurait pas dérangé que ça réussisse.

Sa phrase a eu un effet sur moi, j'en suis restée bouche bée, pétrifiée.

- Lucy ça va? T'es toute pâle.

J'ai tourné les talons et je suis rentrée aussi vite que j'ai pu.

J'avais les larmes aux yeux, il était pas sûre mais je le ressentais, je le savais, c'était ça, ce qui s'était passé, elle avait dû faire quelque chose. Il me faudrait trouver quoi mais en attendant je devais évacuer tout ça, et seule de préférence, je sentais déjà la douleur monter et puisque ma chambre était occupée, j'ai foncé dans la salle de bain.

- Puisque tu es debout, je pense qu'on va aller discuter, soupirai-je.

- C'est ce que je pensais, t'as encore quelque chose à me dire, ça se voit, tu me mitrailles des yeux depuis tout à l'heure, qu'est-ce qui se passe?

- Tu permets on va aller dehors ou on nous entendra pas, elle pourrait se réveiller.

- J'en doute elle a des boules quies mais bon on va sortir si tu veux.

- Oui je veux, mais je te préviens quoi que je dise, si tu te défiles, t'es un homme mort c'est compris?

- Ouai, c'est compris, mais j'ai l'impression que tu vas me tuer de tuer façon.

- Viens on sort, dis-je en posant mon verre.

Il avait raison, ma rage revient chaque fois qu'il ouvre la bouche, j'ai l'impression qu'il va me sortir un baratin à chaque fois. Je dois savoir exactement ce qui s'est passé. Parce que si mon souvenir est juste, il est complètement débile.

- Vas-y je t'écoute.

- Je vais être franche, parce qu'apparemment tout ce que je garde pour moi va finir par me tuer.

- Quoi?

- T'occupe pas et réponds à ce que je vais te demander.

- Vas-y.

- Apparemment ma mémoire se débloque et j'ai chaque fois un peu plus de souvenirs où tu apparais. A l'époque je semblais rire de bon coeur, on était amis, non?

- C'est vrai, admet-il, je te faisais rire, on était des amis, sûrement les meilleurs amis comme le diraient des enfants de cet âge.

- Pourquoi tu m'as tourné le dos alors? Pourquoi t'es jamais venu? Tu sais combien de temps j'ai attendu à cet endroit? Avec mon dernier souvenir, j'ai eu la sensation d'avoir le coeur brisé, tu peux m'expliquer?

Je me suis réveillée, la gorge sèche. En ouvrant mes yeux mon regard s'est d'abord posé sur Swann toujours profondément endormie, puis sur mon réveil, trois heure vingt. J'imagine qu'ils sont couchés à cette heure-là, je vais pouvoir aller boire tranquillement.

En me redressant pour sortir du lit je réalise la présence d'Eloys dans la chambre aussi. Sur le canapé. Je hausse simplement les épaules pour sortir de la chambre en silence. Tant que ce n'est pas les autres tarés, je ne dirais rien. A mon avis il est pas dans la chambre par hasard.

En allant me servir un verre je comprends vite que Nolhann et Lei occupent les deux canapés du salon, j'imagine donc ou sont Tao et Sarah-Jane. Je me demande s'il a enfin décidé de coucher avec elle ou non. Mais s'il l'a fait sous mon toit alors c'est vraiment de mauvais goût.

Plus j'y pense, plus je réalise, que des soirées comme ça, où des enfants venaient dormir ici, il y en a eu déjà, ça se passait dans la chambre de Nicole. Mais jamais, au grand jamais je n'y avais été conviée.

- Tu dors pas? Me sors de mes pensées Nolhann en se redressant.

- Ça se voit pas?

- Pourquoi t'es pas revenue tout à l'heure t'es allée te coucher sans prévenir.

- J'étais fatiguée.