- Ça va c'est papa, répond mon père aux gémissements de ma soeur dans son sommeil alors que je monte les escaliers la première.

- Je vais t'ouvrir la porte de sa chambre, ça sera plus facile.

- Oui, merci.

- Byron t'as besoin d'aide? Entendis-je ma mère.

- Ça va aller je l'emmène juste dans sa chambre.

J'entends une sonnerie alors que j'ouvre la porte de la chambre de Julie, je reconnais la sonnerie du téléphone de Ben il a encore dû l'oublier.

Je cherche d'où vient le son et je trouve son portable au sol, évidemment, il a dû tomber de sa poche.

En voyant le nom sur l'écran, je décroche sans hésiter puisque moi il ne m'appelle pas je vais régler mes comptes .

- Allo ? Décrochai-je le poing serré.

- Allo ? Je suis pas en train d'appeler Ben là?

- Si vu qu’apparemment mon numéro tu l'as zappé, il bosse là, il l'a oublié.

- Donc c'est Béa.

- Oui, Béa, Damian pourquoi tu m'as pas appelé pour me dire que t'étais bien arrivé?

- Je suis occupé, j'ai pas le temps.

- Tu as le temps pour appeler mon frère, pourtant. Ça m'aurait fait plaisir de savoir que ça allait que de l'apprendre par les autres, déjà que t'es parti comme un voleur.

- C'est compliqué pour moi ici, j'ai franchement pas le temps de parler à une gamine capricieuse, lâche-t-il avec une froideur jamais atteinte jusqu'à présent.

- Gamine capricieuse? Répétai-je la gorge nouée.

- Parfaitement. Si je t'appelle pas c'est que j'en ai pas besoin c'est tout. J'appellerai quand et si je veux.

- Tu m'as dit que je pouvais t'appeler si j'avais besoin et tu me dit ça? Me laissai-je tomber sur le sol.

- C'est pas le moment Béa, entendis-je de loin car le téléphone est à présent devant moi et non plus à mon oreille mais je lui réponds pas parce que je perds mes mots, il est dans un mauvais jour sûrement mais là c'est franchement bas. Allo? Oh ! Tu réponds plus ?

- Finalement t'as bien fait de partir, dis-je après avoir mis le haut-parleur en tentant de contrôler ma colère. Je suis vraiment trop conne en fait.

- Pourquoi tu dis ça maintenant? Tu vois tu me fais encore un caprice, j'ai pas le temps po...

- Merde ! Lui raccrochai-je au nez.

- J'aurai préféré ne pas avoir décroché, dis-je en sentant mon coeur se serrer... J'ai l'habitude qu'il me jette mais là c'était encore pire que d'habitude.

Je suis restée un peu là le temps de reprendre mes esprits  et ensuite je suis allée prendre ma douche.

Curieuse, après ma douche je m'approche de la rambarde sur le palier afin de voir si je peux entendre de quoi parlent les adultes, avec ce silence ça devrait pas être trop compliqué.

- Papa ! S'exclame ma mère, me faisait sursauter. Apparemment c'est animé ce qui attise encore plus ma curiosité.

- Calme toi, tu vas alerter les filles, la reprend ma grand-mère.

- Désolée mais je suis sûre que vous vous trompez, c'est tellement vieux cette histoire.

La conversation me semble intéressante vu le sérieux qui règne.

- Charlie, on doit être prudent surtout avec les enfants, entendis-je à peine mon père.

- Byron, je sais ce que tu veux dire mais leur faire peur ne servira à rien. Je m'inquiète beaucoup pour Julie, elle est jeune ça pourrait la traumatiser.

- C'est pourquoi je t'ai proposé cette solution moi, reprend mon grand-père, elle ne saura pas pourquoi on fait ça.

- Tu m'avais promis que toute cette histoire était fini papa, je veux pas leur faire traverser ça.

- Je suis désolé.

- On en a parlé avec les autres, Thomas dit qu'il n'y a personne de bizarre dans nos entourages, alors pour l'instant restons comme ça. S'il-te-plaît.

- Mais de quoi ils parlent, dis-je à moi-même complètement perplexe devant cette conversation.

- Comment tu veux qu'on fasse comme si de rien était? Reprend ma grand-mère.

- Écoutez, pour l'instant tout ce qu'on a là, ce sont des menaces, il n'est rien arrivé.

- Charlie, monte la voix mon père, rappelle-toi à l'époque.

- Je fais que ça, j'ai cru que j'allais te perdre évidemment que je ne veux pas que ça recommence, qu'a dit Shanon de votre idée?

- Elle n'est pas d'accord non plus.

Je trouve l'ambiance très étrange, par rapport aux histoires qu'ont raconté les parents, je commence à me demander si ce que ma mère a traversé lorsqu'elle était jeune ne reviendrait pas à la charge. Je me demande s'il y a de nouveaux des gens qui en sont après mon grand-père.

- On en avait parlé, on veut pas de nouveaux séparer nos familles, vous pouvez comprendre? On a construit quelque chose de fort et déménager veut dire tout abandonner, je ne suis pas d'accord. La voix de ma mère est déterminée.

- On s'en doutait... On voulait essayer tout de même car ça faciliterait bien les choses mais je pense qu'on comprend.

- Qu'est-ce qu'on fait alors?

- Thomas, j'ai besoin de son avis il en sait autant que moi, termine mon grand-père.

- Je vais l'appeler, se lève du canapé mon père.

Est-ce qu'ils sont en train de parler du mari d'Alix quand ils disent Thomas?

- Soit sûre que ce soit lui, lui conseille ma grand-mère, Alix n'a pas besoin d'être mouillée à ça à nouveau.

J'aime pas du tout l'allure que prend cette discussion et je me dis que si on doit savoir quelque chose, ils nous le diront et comme je suis déjà très fatiguée je décide de repartir sans faire un bruit, si je me fait attrapé maintenant je suis très mal.

C'est pas ma soirée de toute façon entre Damian tout à l'heure et là cette conversation qui m'a paru très bizarre, j'aurai mieux fait d'aller directement me coucher j'aurais pas autant de choses dans la tête.

- Je me demande quand même ce que j'ai pu faire pour qu'il soit si glacial avec moi, soupirai-je allongée sur mon lit. Je joue avec le coussin que j'avais laissé sorti depuis que je l'avais prêté à Damian. Mais n'étant pas du genre à me lamenter sur mon sort pendant des heures je préfère me dire que de toute façon il n'est plus là alors il peut bien ne plus m'appeler ça m'évitera de l'entendre râler.

J'ai fini par m'endormir à me demandant ce que je ferais avec Ella le lendemain. On avait prévu un ciné mais on s'en tient rarement là, on aime bien papoter entre filles autour d'un petit dîner.

Un grand bruit me réveille et il me faut quelques instants pour comprendre si c'était dans mes rêves ou s'il y a du bruit dans la maison puis j'entends à nouveau du bruit, comme une porte qui claque. C'est donc définitivement dans la maison.

Je regarde l'heure et constate que Ben a dû rentrer depuis un moment maintenant donc que ça ne peut pas être son retour.

Toujours à cause de ma curiosité, je suis sortie pour voir la porte de la salle de bain ouverte et la lumière allumée. Je m'inquiète que ce soit Julie qui soit tombée comme c'est déjà arrivé et me précipite pour aller constater complètement autre chose.

- Ben? T'es malade? Demandai-je en voyant mon frère devant la cuvette puis je réalise l'odeur qui l'entoure. T'as bu? Mais ça te ressemble pas ça, dis-je en m'approchant. Ben?

- Béatrice ! J'ai peur il se passe quoi? Entendis-je Julie avant de la voir passer la tête par la porte de sa chambre.

- C'est rien, j'ai fait du bruit en allant au toilettes, tu peux aller te recoucher.

- D'accord.

- Me dit pas que tu dors, rentrais-je dans la salle de bain en refermant la porte derrière moi.

- Shhh, trop de bruit, gémit-il.

- Qui t'a demandé de te mettre la tête à l'envers aussi, maman va être hors d'elle si elle te voit comme ça.

- Couvre moi.

- Je sais.

- Mais pourquoi tu as bu à ce point là t'étais censé bosser nan?

- Shhhh

- Ok ok on en reparlera, tu peux te lever?

En guise de réponse j'ai eu le droit à un bruit de ronflement.

- Ok t'es complètement K.O quoi, mais faut que tu sortes de là, dis-je en tentant de l'aider à se lever mais il dort à moitié ce n'est donc pas facile.

- Allez mets-y du tien, je vais pas te traîner quand même en plus t'es super lourd.

- Qu'est-ce qui se passe là-haut? résonne la voix de mon père me figeant sur place, Ben va avoir de sacrés problèmes si on le trouve dans cet état.

- C'est rien papa c'est moi je t'ai réveillé?

- Non j'ai entendu du bruit en allant à la cuisine, va te recoucher !

- J'y vais.

- Merci, lâche mon frère en s'appuyant enfin sur ses pieds.

- Je te couvre mais aide-moi, t'es méga lourd quand tu te laisse aller.

- Désolé.

- Allez en silence sinon papa va monter, il doit entendre les pas d'en bas.

- Franchement t'as des cours demain après-midi je te raconte pas la migraine que tu vas te taper.

- Au pire j'irai pas.

- C'est ça oui, dis-je en le poussant sur le lit afin qu'il s'y allonge.

- T'es encore avec là ou t'as déjà replongé?

- Là...ou presque.

- Damian t'a appelé tout à l'heure, t'as oublié ton portable ici.

- Ok.

- T'auras oublié ce que je t'ai dit d'ici demain pas vrai?

- Sûrement.

- Je te le redirais demain. Dors. Et sois pas malade !

- Facile à dire.

- Tu veux un seau?

- Nan ça ira.

- Je t'amènerai quand même de l'eau après. Ça pourra servir.

- T'es la meilleure.

- Oui oui je sais, riai-je, allez dort.

J'ai à peine fini de parler que je devine qu'il s'est endormi rien qu'à sa respiration.

- Dort bien, on reparlera demain de ton état, franchement, les parents t'ont prévenu que tu pouvais pas rentrer dans cet état.

Je l'ai regardé un moment pour m'assurer qu'il ne soit pas malade et je suis allée lui chercher de l'eau avant d'aller me recoucher.