Facilement endormie je me fais réveiller en pleine nuit par de vilaines crampes, pas très douloureuses mais très inconfortables. Il faut donc que je me lève pour faire un saut à la salle de bain.  Histoire d'aller prendre de quoi me soulager.

En jetant un oeil au réveil je suis contente de voir que je pourrais me recoucher ensuite car il est bien trop tôt pour me lever et j'aime mon lit en ce moment.

Je m'étire un peu et sort de la chambre en essayant de pas faire de bruit.

Mais à peine franchi la porte de ma chambre je me rends compte que Damian dort sur le canapé et non pas dans la chambre de mon frère avec un sac de couchage comme prévu. Je passe donc en faisant encore plus attention afin de ne pas le réveiller et je vais à la salle de bain.

Je me demande pourquoi il est arrivé là, il aurait au moins pu prendre le sac de couchage, je me demande s'il n'a pas froid installé comme ça.

- Qu'est-ce que t'as dans la tête Damian, soupirai-je en me regardant dans le miroir avant de sortir.

En repassant près de lui ça ne me plaît vraiment pas de le voir installé comme ça. J'ai pas de couverture à lui proposer puisqu'elles sont en bas dans la chambre des parents mais au moins un coussin parce que je suis sûre que c'est loin d'être confortable là. Je vais donc faire un saut à ma chambre et cherche un coussin rangé dans ma penderie.

De retour près de lui je me demande comme faire, si j'essaie de le glisser sous sa tête je réalise que je vais le réveiller. Je me sens bête, je devrais simplement le laisser là et il le verra s'il se réveille. La décision prise j'ai quand même du mal à me relever, accroupie de la sorte je peux voir nettement son visage endormi. Il a l"air si sage, quand on sait qu'une fois réveillé je sais jamais si j'aurais à faire à l'ange ou au démon.

Je ne sais pas quand j'ai commencé à le réaliser... Damian avec ses sautes d'humeur est quand même arrivé à faire chavirer mon coeur plus d'une fois. Mais bon ce sont des choses que je prends bien soin d'enfouir dans mon cœur, si ça se savait je passerais pour la risée de tout le monde... Ils sont comme mes frères tous... Mais allez expliquer ça à un cœur qui bat la chamade dès que je sens son odeur de cigarette d'un peu trop près...

- Allez reprends-toi Béa, soufflai-je en me relevant pour jeter le coussin à ses pieds, j'allais faire demi-tour et partir quand j'ai senti qu'on m'attrapait le bras mon coeur en a fait un raté.

- Attends, baille Damian.

- T...T'étais réveillé?

- Béa qu'est-ce que tu fais là? Ignore-t-il ma question.

- J'ai vu que t'étais là et je me sentais mal de te laisser dormir comme ça, je t'ai apporté un coussin.

- Merci.

Je me suis retournée pour lui faire face alors qu'il tient toujours mon poignet.

- Qu'est-ce que tu fais là? Demandai-je alors.

- J'ai le sommeil sensible, ça ronfle trop là-bas et mon duvet est coincé alors j'ai pensé dormir là.

- Sensible, réalisai-je, je t'ai réveillé? Quand?

- Quand t'as ouvert la porte de ta chambre, admet-il.

- Tu as fait semblant de dormir? Pourquoi? J'ai l'air débile là.

- Parce que je voulais pas avoir à affronter ta colère en pleine nuit, soupire-t-il.

- Abruti. J'ai l'air en colère là?

- Non, ce que je ne comprends pas tout à l'heure t'avais l'air fâché, alors explique moi je sais que ça te plait pas que je parte.

- Pense à t'acheter une cervelle quand tu seras parti, je suis pas en colère, juste déçue que tu t'en ailles, t'es content? Dis-je finalement, de toute façon ça sert à rien de mentir surtout à moi-même. Ça me fait chier, tu t'appelles peut-être volte-face mais au moins t'es là quand on a besoin de toi, je vais faire quoi maintenant?

- Ils sont là tous les trois encore... T'es pas toute seule. Et Ben se couperait en deux pour toi.

-  Crétin. T'es le plus vieux tu donnes des conseils qu'eux ne peuvent pas donner.

- Tu pourras toujours m'appeler, je vais pas mourir, juste m'éloigner, c'est là qu'il réalise qu'il me tient toujours et qu'il me lâche.

- Laisse moi te poser une question.

- Vas-y.

- Ça te va vraiment de partir là où tu connais personne?

- Oui. Changer d'air ne me parait pas être une si mauvaise chose.

- Oh... donc tu n'as pas de regrets?

- Non. Aucun.

- Ok, déglutis-je, je vais me recoucher, tu devrais te rendormir, tournais-je les talons.

- Bonne nuit, dit-il, et merci pour le coussin.

- De rien.

Je suis vraiment trop stupide, il n'a aucun regret à partir alors pourquoi je m'acharne à vouloir qu'il reste? Qu'il parte si ça peut lui faire plaisir, je comblerais facilement son manque. En tout cas c'est ce que je me répète en retournant dans ma chambre.

- Une chose me rassure plus il sera loin plus mon béguin pour lui se fera petit pour disparaître, dis-je en me glissant sous ma couette.

J'ai besoin de dire à haute voix certaines choses pour les rendre réelles.

- Béa, entendis-je derrière la porte.

- Quoi?

- Je suis désolé si je te déçois mais je dois prendre ma vie en main.

- Ça va j'ai compris le message, laisse moi me recoucher maintenant.

- Je te laisse.

Je me suis endormie en me demandant pourquoi j'étais assez bête pour avoir un faible pour lui.

Quand je me suis réveillée le lendemain il était déjà parti avec Nicolas, d'après Ben c'était pour l'annoncer à ses parents. Et je ne l'ai pas revu avant son départ, il est juste parti... Il a prévenu Ben donc je sais qu'il est bien arrivé et tout ça mais je n'ai pas eu d'appel personnellement... Et ainsi plusieurs jours se sont écoulés et j'ai donc repris la fac et mes petites habitudes.

Aujourd'hui après mon dernier cours de la journée j'ai dû m'arrêter en chemin car c'est ici qu'il est prévu que je récupère mes grand-parents.

Comme je suis la seule à être libre à cette heure-ci et que leur hôtel est près d'ici je leur ai proposé de me rejoindre là comme ça je leur montrerai le chemin vers la maison moi-même.

Mais en attendant qu'ils arrivent je regarde autour de moi et profite de la vue.

- Béatrice ! Reconnus-je la voix de ma grand-mère dans mon dos.

- Ah vous êtes là, me retournai-je vers eux en souriant.

- Oui désolée, nous sommes un peu en retard non? S'inquiète ma grand-mère.

- C'est pas grave, vous avez fait bon voyage?

- Oui, merci.

- Vous êtes venus à pied? Demandai-je en ne remarquant pas de voiture.

- On a pas encore fait la location, d'ailleurs tu veux bien qu'on y passe avant d'aller chez vous? Intervient mon grand-père.

- Ah oui biensûr, c'est pas très loin d'ici, souriais-je en allant les prendre dans mes bras chacun leur tour.

- Je suis contente de vous voir, ça fait un moment maintenant, souriais-je.

- Oui, on avait hâte de venir vous voir, rétorque mon grand-père.

- Vous restez longtemps?

- Quelques jours, assez pour voir tout le monde.

- Tu ressembles de plus en plus à ta mère, m'enlace ma grand-mère.

- Tu trouves?

- Oui, mis à part les yeux de ton père, j'ai l'impression de revoir ta mère à ton âge.

- C'est gentil on y va?

- Oh c'est ici, encore plus jolie qu'en photos, s’extasie ma grand-mère alors qu'on arrive enfin à la maison.

- J'aimais aussi l'autre maison moi, haussai-je les épaules.

- Elle devenait trop petite, tu sais bien.

- Évidemment , au fait vous auriez pu rester ici pourquoi vous êtes à l'hôtel?

- On doit voir plein de monde, on préfère comme ça, mais on se verra plusieurs fois ne t'inquiète pas, me sourit ma grand-mère.

- J'espère bien, bon vu l'heure je pense que Ben a dû rentrer avec Juju.

- Ah elle doit avoir bien grandi la petite.

- Elle est plus si petite que ça papy.

- On est là ! Lancai-je une fois qu'on est dans la maison.

- Julie ! Interpelle ma grand-mère.

- Oh mamie, sourit ma soeur en posant son verre dans l'évier.

- Coucou, ton frère est à la maison aussi?

- Oui oui, il est au téléphone. Je crois c'est maman.

- Tu viens nous faire un bisou?

- Oui j'arrive.

- Juju, papa est pas encore rentré? Il a dit qu'il allait essayer de rentrer plus tôt.

- Non pas encore.

- Ah vous voilà, débarque Ben.

- C'était ta mère alors?

- Oui elle a dit de pas s'inquiéter elle va arriver dans pas trop longtemps mais que papa devrait pas tarder.

- On a le temps ne t'inquiète pas.

- Béa, tu peux me rappeler quel jour on est? Me lance Ben alors qu'il dit bonjour aux grand-parents.

- Jeudi, pourquoi?

- Réfléchis p'tite tête, t'as rien oublié? Tu fais quoi le jeudi maintenant?

- Le jeudi...réfléchis-je...oh merde c'est vrai mon cours de pâtisserie.

- Tu devrais te dépêcher si tu veux pas arriver en retard, regarde l'heure.

- Oh merde ! Déjà !! Me mis-je à courir.