Avec un profond soupir je me suis assise sur le pot de fleur devant l'entrée. J'ai vraiment la nausée, ce soir, pas comme le matin quand je me lève. Je me sens vraiment pas bien. La porte d'entrée se fait entendre quelques instants plus tard et j'hésite à lever la tête pour regarder qui m'a suivi. J'ai vraiment pas envie de me disputer maintenant.

- Riley ?

Maman.

- Bon Riley, tu vas me dire ce qu'il y a ? Tu fais n'importe quoi en ce moment et maintenant ça, dis-moi. Qu'est-ce qu'il y a?

- Je peux pas.

- Riley, souffle-t-elle, tu as des ennuis au lycée?

- Non.

- Alors quoi? Tu as des nouveaux amis, est-ce qu'ils t'apportent des ennuis?

- Non.

- Tu ne veux rien me dire? Alors je devrais le dire? Ajoute-t-elle en fermant la porte derrière elle.

- Me dire quoi? Commencai-je à me mordiller la lèvre.

- Ce que je pense, il se pourrait que tu sois enceinte.

- Maman...déglutis-je.

- Tu ne nies pas, donc j'ai raison.

- C'est vrai, soupirai-je en me levant, de quelques semaines.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit?

- Parce que c'est pas facile à annoncer à sa mère un truc comme ça. Et comment tu l'as deviné?

- Rappelle toi, je le suis moi-même. J'ai reconnu quelques symptomes. Tu me fais penser à Nélia qui n'avait rien dit à notre mère, on vous a parlé de cette histoire, tu aurais dû savoir que tu pouvais me parler.

- De toute façon je vais avorter, crachai-je un peu trop sèchement.

- Et tu as pris cette décision toute seule? Ou est le père?

- On s'en fiche c'est un enfoiré.

- Riley, regarde moi, dit-elle en venant se mettre devant moi et m'attraper par les épaules. Tu peux pas te lancer là-dedans toute seule. Aller aux rendez-vous et tout ça.

- J'y suis allée avec quelqu'un à chaque fois maman, j'ai vu un psy, je sais ce qui est mieux, je veux avorter. Je peux pas le garder. Et je voulais t'en parler ce soir de toute façon, il m'a dit que je devais le faire. Je cherchais le meilleur moment, c'est tout.

- Ma petite fille, dit-elle en m'attirant dans ses bras.

- Pourquoi tu as traversé quelque chose comme ça toute seule, c'est difficile. Est-ce que Mayu et les autres le savent?

- Non ! rétorquai-je violemment. Pas eux, sinon... non pas eux...

- D'accord mais qui alors? Oh... ces garçons qui sont venus ?

- Oui maman, ils m'ont emmené dans un autre hôpital je pouvais pas rester à celui ici au risque d'être découverte. C'est là-bas que j'allais quand papa m'a vu en voiture, mais j'arrivai pas à te le dire.

- Je suis désolée, j'aurai dû être plus ouverte à toi, mais avec tout ce qui se passe.. excuse-moi. Maintenant je suis là pour en parler.

- Ca va maman, j'ai les choses en main, je suis juste contente que tu le prennes comme ça.

- Ca peut arriver mais je veux être sûre que tu ne regretteras pas ta décision.

- J'en suis sûre et le psy semble ok aussi, maintenant que tu le sais je vais pouvoir le faire rapidement.

- N'hésite plus à venir me parler ma puce. Personne ne devrait affronter ça en silence.

Le repas a commencé le plus banalement du monde, mon frère faisait genre d'avoir bien accepter tout ça même si je sais maintenant qu'il ment. Clémentine et Jun ont discuté de l'aménagement de leur appartement. Et moi je reste en retrait, écoutant d'une oreille distraite, essayant de ne pas envoyer boulet tout ceux qui osaient m'adresser la parole même si ma seule envie est de les frapper.

Puis est venu le moment où ma mère a annoncé que le bébé s'annoncait pour avril. Là mon coeur s'est serré à me faire mal. Le mien serait né quelques semaines plus tard , si je l'avait gardé. En regardant le visage rayonnant de ma mère, je réalise que j'ai jamais eu un seul sourire en pensant à celui que je porte en moi. Alors je sais avec conviction que c'est ce que je dois faire...

J'avais envisager de le dire à Jun...mais vu la façon qu'il a de caresser ou d'embrasser Clémentine ce soir, je vois qu'il n'a aucune envie de m'épargner, et bien de ce cas, moi non plus, je ne l'épargnerai pas. Je ne lui pardonnerai jamais...

- Excusez-moi, dis-je en me levant, prise d'une nausée.

- Ou tu vas? s'intrigue ma mère.

- J'ai plus faim.

- T'as presque rien mangé Riley, est-ce que ça va? S'inquiète Naoki.

- Je vais juste aller prendre l'air, ça ira mieux.

- Ne t'éloigne pas.

- Non je vais juste prendre l'air.

- OK.

On avait appelé Mayu pour nous rejoindre et  j'ai donc passé quelques heures bénéfiques avec mes meilleurs amis, et même si je me sens un peu coupable qu'il ne sache pas tout ça, je suis un peu plus sereine en arrivant à la maison.

- Je suis rentrée, lancai-je en voyant ma mère et Naoki.

- D'accord.

- Merci d'être rentré, intervient Naoki.

- De rien, je vais dans ma chambre, appelle-moi quand on mange.

En passant devant la cuisine pour rejoindre mon antre, ça pourrait me faire sourire si j'avais pas envie de vomir... Jun est en train d'aider mon frère à faire ses devoirs apparemment. Par contre pas de blondasse à l'horizon, est-ce qu'elle l'aurait laissé venir seul ici? Ca serait bien étonnant.

Et c'est au moment où je rentre dans ma chambre que je sais qu'elle est là. Quelqu'un qui empeste le parfun vient de sortir de la salle de bain et ça ne peut être qu'elle.

 - Oh Riley tu es là.

- Evidemment que je suis là, je suis chez moi mais toi tu fais quoi ici?

- Je suis venue manger chez le père de mon petit ami. Normal.

- Evidemment, soupirai-je en lui claquant la porte au nez.

J'avais besoin de rester seule un moment si je devais avoir une discussion sérieuse, voir deux, au cours de la soirée.

- Sois pas fâchée d'accord?

- Je le suis pas, c'est juste que j'étais surprise, soupirai-je en m'agrippant à son cou.

- Je sais bien, je suis désolé.

Pendant quelques instants, suspendue à son cou, je me suis demandée si je ne devrais pas tout lui avouer, pour me libérer de ce poids. Mais je ne peux pas. Si je lui en parle, alors il m'en reparlera et c'est exactement ce que je veux éviter.

Il fini par me reposer au sol, et on se tourne tous deux vers Jessy.

- Désolée d'être arrivée comme ça, c'est juste que...

- Tu traverses une mauvaise période, je connais, t'inquiète c'est oublié, sourit-il.

- Merci.

- J'avais hâte de te rencontrer.

- Oui, moi aussi même si je ne connais ton existance que depuis quelques jours.

- Beaucoup de secrets dans cette bande, ça fini toujours par être exposé, poursuit-il, n'est-ce pas Jay?

- C'est vrai...

- Parfois il y a des choses qu'on ne peut pas dire, même à ses meilleurs amis, grimacai-je, bon j'ai soif moi, vous êtes à une table?

- Yep, là-bas.

En arrivant à destination, je vois aussitôt un skate, puis une couple ainsi que quelques filles un peu plus loin.

Mon regard revient sur le couple étant en train de s'embrasser et j'en reste bouche bée. De tout ceux qui feraient des trucs sans m'en paler, je pensais qu'il serait le dernier à le faire. Et là, ça me cloue littéralement sur place.

Qu'il soit gay n'a jamais été un secret mais s'afficher en public, ça c'est une première... Parce que oui de dos je reconnais mon meilleur ami. Par contre je ne connais pas l'autre et c'est en me posant tout un tas de question que je grimpe sur le muret pour m'asseoir de façon à avoir une vue sur eux et attendre qu'il me remarque ou que je me manifeste.

Visiblement ils n'ont pas l'intention de s'interrompre, je décide donc de le faire.

- Hey Jay!

Aussitôt il se fige et tourne le visage vers moi, l'air ennuyé.

- Riley, tu étais là...

- Je vis ici tu sais, ce n'est pas une planète complètement différente.

- Je voulais pas que tu l'apprennes comme ça.

- Tu comptais me le dire quand au juste?

- Lundi, au lycée, je voulais pas le faire par téléphone.

- Tu aurais dû venir à la maison alors, ça fait une éternité que tu n'es pas venu.

- Hum... essaie d'attirer l'attention le rouquin.

- Quoi t'as un problème? J'ai le droit de parler avec mon meilleur ami non?

- Riley, laisse-moi te présenter à Jessy.

- Jessy? Relevai-je.

- C'est moi qui te remplace à la guitare oui, confirme-t-il avec un sourire.

- Je vois, Mayu ne m'avait pas expliqué cette partie.

- C'est récent, se défend Jayden, je te jure, j'attendais juste de te voir en personne pour te parler de lui.

- Ok, soufflai-je en posant mon sac pour prendre appuie afin de descendre mais il arrive et m'en empêche en m'attrapant dans ses bras.