- Glaciale. C'est pour ça qu'ils veulent pas rester seuls j'en suis sûre, quelque chose ne tourne pas rond. De toute façon tout l'été c'était bizarre.

- Tu crois que ton père a recommencé? Suppose Jayden.

- J'en sas rien, peut-être. Mais c'est saoulant. Qu'ils mettent les choses au clair au lieu qu'on subisse ça au milieu.

- Esperons que ça s'arrange, tu pourras pas leur cacher qu'on joue dans le groupe cette année.

- Pourquoi? Je le fais tout le temps.

- Parce que, intervient Mayu, on en a entendu une bonne, tu aurais pu nous le dire quand même.

- De quoi? M'étonnai-je.

- C'est pas possible qu'il te l'ai pas dit, à nous passe encore mais à toi.

- Mais de quoi vous parlez bon sang.

- Junpeï, il va donner des cours de dessin aux terminales. Et de ce que j'ai entendu on a des chances pour l'avoir.

- Pardon? Dis-je en me laissant tomber à côté de ma meilleure amie.

- T'as pas l'air au courant, s'étonne Mayu.

- Pas du tout.

- Bizarre, c'est ton super pote pourtant.

- Oui bah le super pote m'a caché un truc là.

- Il voulait peut-être faire la surprise en fait, suppose très vite mon meilleur ami.

- Peut-être, haussai-je les épaules.

- Tu crois pas qu'il va te balancer à tes vieux?

- Non, je pense pas qu'il ferait ça, ce serait la pire balance alors.

- Y a plus qu'à espérer.

- Au fait, il m'a appelé tout à l'heure, en me disant qu'il devait me parler, c'était sûrement ça et comme j'étais coincée à la maison. Il a dit qu'il me parlerai ce soir il doit parler avec à ma mère.

- Te prévenir la veille, c'est rude, grimace Mayu.

- Boarf on verra bien, soupirai-je, qu'est-ce qu'on fait? On va pas rester ici?

- Ciné pour commencer? Propose Jayden en se levant.

- Et tu fais quoi de ton skate, bébête, pourquoi tu l'as pris?

- Ah merde...

- Je sais ! Intervient Mayu, on va passé par chez lui, qu'il dépose son truc, on va au ciné ensuite.

- C'est parti.

J'ai passé une bonne fin d'après-midi avec mes amis. On a été au ciné et on a rejoint Tabatha et Josh pour jouer un peu de musique chez ma meilleure amie qui garde les instruments dans son sous-sol, c'est ça qu'on fait chaque année, ensemble. Sur le chemin du retour, je me suis dit que je n'avais pas envie de les croiser, et donc je me suis arrêtée sur le trottoir d'en face un peu plus loin.

Je sais que je risque d'être punie pour la scène de tout à l'heure mais je voulais vraiment pas rater ça. Et je ne peux pas dire à mes parents que c'est pour jouer de la musique que je voulais tant voir mes amis. Ma mère ne veut pas que j'en fasse, où en tout cas pas de guitare, pourtant c'est ce que je fais...

- Qu'est-ce que tu attends comme ça, dis-moi. Me fait sursauter Junpeï en arrivant dans mon dos.

- Qu'ils sortent, je vais pas les affronter ce soir, soupirai-je.

- T'as réussi à sortir, pourquoi tu ne me l'as pas dit? Me demande-t-il alors que je me relève pour lui faire face.

- J'allais le faire, puis j'ai eu une discussion intéressante qui m'en a empêché.

- Comment ça? S'intrigue-t-il. Un garçon? Sourit-il.

- Tu es un abruti Jun et tu n'aurais pas oublié de me parler de quelque chose? Par hasard.

- Pourquoi tu crois que je suis venu?

- Tu pouvais me le dire au téléphone, que tu serais notre prof.

- Pas vraiment sûre de ça.

- Crétin, soufflai-je.

- Le crétin a appris que tes parents sont de sortie, dit-il en m'embrassant la tempe faisant s'affoler mon coeur.

- Il vont manger chez Mélusine et Adam.

- T'y vas?

- Non. Pourquoi tu crois que j'attends qu'ils partent.

- Alors viens, dit-il en m'attrapant la main.

- Ils vont me faire le sermon de ma vie là, râlai-je.

- C'est que tu l'auras cherché. Si tu n'y vas pas avant ce sera pire, ils t'ont sûrement dit de rentrer avant leur départ.

- Oui.

- Alors vient et puisque je suis là, ça devrait atténuer.

- Mouai.

- C'est bien beau de balancer tout ce que tu penses. Faut assumer après.

- Gna gna gna.

- Je te laisse pas le choix, je te tiens.

- T'as agaçant quand tu fais ton raisonnable.

- J'ai pas fini de t'agacer ce soir alors, dit-il en traversant, m'emmenant à sa suite.

J'aime pas vraiment le ton de sa voix, il prépare un truc, je le sens, il n'est pas comme d'habitude. Mais je préfère me taire, je le saurais bien assez tôt de toute façon.

- C'est parti, dit-il en ouvrant la porte.

A peine le pas de la porte franchi qu'il lâche ma main.

- Tori?? C'est Junpeï, tu es où?

- A la cuisine. Je prépare le repas de Riley.

- Justement je la ramène, dit-il en avancant alors que je reste en plan.

Je ne comprends pas pourquoi il m'a lâché de cette façon d'habitude il me regarde avant de le faire, parce qu'il ne veut pas que les autres se posent des questions mais là, c'était trop bizarre, vraiment trop bizarre. Mon coeur se serre, j'ai un mauvais pressentiment.

En rejoignant l'intérieur de la maison, j'ai vu mon père devant la télé et j'entendais déjà ma mère et Jun parler. Et avec ce sentiment qu'il y a quelque chose qui se prépare, j'ai qu'une solution, prendre la fuite.

- Je vais prendre mon bain, annoncai-je, ce qui leur dit d'office que j'en avais pour un moment.

Jun n'attendra sûrement pas, mais s'il veut me parler il le fera demain, au lycée. C'est plus fort que moi, je le vois dans son attitude, quelque chose ne va pas, et je sais pas si je suis d'humeur à  l'entendre dire ce genre de choses.

J'entre dans la salle de bain, prenant bien soin de vérouiller derrière moi. Je veux être sûre que ma mère ne viendra pas me déranger.

J'ai dû attendre peut-être dix minutes avant d'entendre ma mère derrière la porte.

- Bon nous on s'en va, ton dîner et dans le micro-onde. On rentrera pas tard, sois sage.

- Oui maman bonne soirée, soupirai-je.

 Je suis restée encore un bon vingt minutes, perdue dans mes pensées, avant de sortir de  l'eau et de m'enrouler dans une serviette. Comme toujours j'ai oublié d'apporter mon pyjama. Heureusement pour moi que ma chambre est juste à côté.

- Et bien, j'ai cru que tu t'étais noyée. Entendis-je, à peine sortie.

- Tu es encore là, toi.

- C'est ce que je pensais, tu croyais que je partirais. Mais ta tentive de fuite a échouée, tu vois, j'ai attendu.

- Je vois.

- Tu peux mettre quelque chose sur ton dos?

- J'y allais. Et pourquoi tu ne t'ai pas manifesté au lieu d'attendre comme un con?

- Parce que tu aurais fait durer jusqu'à ce que j'abandonne.

- De quoi veux-tu parler alors, soufflai-je en ouvrant la porte de ma chambre.

-  De toi, de moi, enfin tu vois.

- Je le savais, soupirai-je, j'ai pas très envie d'entendre ça ce soir.

- Il faut pourtant que je te parle Riley.

- Alors viens, dis-je en entrant dans ma chambre pour aller m'asseoir, quoi qu'il ait à dire j'aurai pas la patience d'attendre de m'habiller de toute façon.

- Tu devais pas te changer?

- Peu importe, viens ici.

- J'aime pas venir ici, tes parents peuvent arriver n'importe quand.

- Ils sont absents au moins deux heures, arrête de stresser et puis t'es là pour parler il me semble.

- Oui. Je suis pas sûre que te voir dans cette tenue m'aide beaucoup en fait.

- Va falloir faire avec je vais pas m'habiller. De toute façon je le sens venir. Dis-je en essuyant le coin de mon oeil que je commencais à trouver trop humide.

- Qu'est-ce que tu sens venir?

- Tu vas me dire qu'il faut qu'on arrête mais je n'ai pas envie de l'entendre.

- C'est vrai, admet-il en se plantant devant moi.

- Vrai? Répétai-je bêtement.

- Oui, faut qu'on arrête tout ça, c'est n'importe quoi.

- Arrêter. Pourquoi? Pourquoi tu décides ça du jour au lendemain?

- Faut être honnête, ça mène à rien.

- Pourquoi parce que tu as quelques années de plus que moi? Qu'est-ce que ça peut faire.

- Riley, tu veux bien m'écouter, sans te fâcher?