KATHERINE

Pour attendre Angel, je me suis assise sur une balancoire, face à l'entrée, l'impatience commencait sérieusement à me gagner, en plus il est déjà en retard. Après un énième soupire, j'entends le portail grincer et je lève aussitôt la tête.

- Désolé, on est en retard, me lance mon meilleur ami, un petit sourire sur les lèvres.

- Angel, déglutis-je en voyant qu'elle était là, agrippée à lui, mais bel et bien là.

- Tu m'as pas trop attendu?

- Je suis là depuis un moment dis-je sans lever mon regard de cette petite fille, ma fille.

- Tori, arrête un peu de faire ta trouillarde. Lance Angel. J'en avais presque oublier que c'est ainsi qu'il l'appelle, comme je l'avais souhaité quand je parlais de la fille que j'attendais.

J'osai à peine bouger, elle semblait déjà perdue. Pourtant l'envie d'aller la prendre dans mes bras était là. Il me fallait une bonne dose de volonté pour ne pas y céder.

- Désolé, elle a un peu peur depuis que je lui ai dit où on allait, reprend Angel avec un sourire géné.

- C'est normal, je suppose, soufflai-je en détaillant la petite.

- T'es qui? Me lance-t-elle en reserrant ses bras autour de la jambe d'Angel. Sa petite voix me fait sursauter.

- Tori, tu sais très bien qui c'est, intervient mon meilleur ami.

- Oui, hoche-t-elle la tête, mais pas y aller.

Le coeur serré et les larmes aux yeux j'essaie de ne pas pleurer mais c'est plus douloureux que je ne le pensais.

Je n'avais pas pensé à l'éventualité qu'elle ne m'accepte pas.

- Tonton t'a expliqué que j'étais ta maman n'est-ce pas? Dis-je en essuyant une larme.

- Oui elle sait que tu es sa mère, confirme Angel, allez viens on va pas rester ici, dit-il en avancant pour tendre la main à Tori la seconde suivante. Elle obtempère mais en marchant doucement.

- Je crois que je lui fais peur, grimacai-je en me levant.

- Non c'est pas ça, elle a compris ce qui allait se passer, c'est ça qui lui fait peur.

- Comment ça?

- Elle sait qu'elle finira par aller vivre avec toi. Elle te connaît pas alors ça lui fait peur.

- Oh..réalisai-je. Je comprends.

- Je te présente donc ta fille, sourit-il, Victoria, mais comme tu le sais déjà on l'appelle Tori.

- Tori, tu veux le dire? Qui est-ce ? Lui demande-t-il en me pointant du doigt.

- M... ma maman, s'exécute-t-elle en lâchant finalement la jambe d'Angel.

- Je ne sais pas ce que tu en penses, propose Angel, mais il va falloir que vous fasssiez connaissance toutes les deux.

- Oui, et puis tant que cette histoire avec Cole n'est pas terminée elle sera plus en sécurité avec toi, il faudra donc qu'on prenne notre temps.

- Oui, tout à fait d'accord. Et je vais réemménager ici de toute façon comme ça vous vous verrez aussi souvent que vous voulez.

- Ca me paraît bien, dis-je, la tentation d'aller la serrer dans mes bras étant trop forte, je m'avance doucement vers elle.

- Tu permets que je te prenne dans mes bras? Demandai-je en tendant les bras.

Elle regarde d'abord Angel avant d'acquiescer timidement pour que je la soulève et la serre contre moi. Cette fois les larmes se mettent à couler sans que j'essaie de les freiner.

- Ma toute petite fille, soufflai-je en la serrant dans mes bras.

- Est-ce que ça va? S'assure Angel.

- Je commence à réaliser qu'elle est bien vivante, lui dis-je la gorge nouée.

- Laisse-moi voir comme tu es jolie. Elle a hérité de nous deux, soupirai-je, nostalgique.

- Je ne l'ai jamais vu, lui, mais je suppose que c'est le cas.

- J'ignore mais j'espère qu'elle le connaîtra un jour.

- Je l'espère pour vous aussi.

- Ayé tonton!! S'exclame tout à coup Tori.

- Reste encore un peu avec ta mère, lui rétorque-t-il.

- Non !! Tonton !! S'agite-t-elle.

- C'est bon, prends-la, dis-je pourtant à contre-coeur. Il faut que je sois réaliste, elle n'a connu pour ainsi dire que lui comme parent depuis sa naissance, il est normal, même si c'est atrocement douloureux, qu'elle ne veuille pas rester avec une inconnue.

- Ok, hausse-t-il les épaules avant de tendre les bras pour l'attraper.

- Dans quelques temps ce sera toi qu'elle réclamera, ne t'inquiète pas.

- Il va falloir tu temps, mais je le comprends très bien, même si j'ai du mal.

- Désolé.

- T'as pas à t'excuser, je suis déjà reconnaissante qu'elle soit en vie et en bonne santé. Le reste peut attendre.

- T'es sure? Tu as l'air triste.

- Ma vie est un chaos total, et je viens de faire la connaissance de cette fille que j'ai tant pleuré parce qu'elle est le seul enfant d'un homme que j'ai beaucoup aimé, et que j'aime encore sans doute aujourd'hui. Alors oui je suis triste. Mais je pleure de joie de la voir, pas de tristesse. Prends soin d'elle encore quelques temps Angel.

- Ne t'inquiète donc pas pour ça. Tu en as déjà parlé aux enfants?

- Non, j'ai pas encore trouvé le courage, avec tout ce qui se passe, je sais pas si c'est une bonne idée.

- C'est toi qui voit, mais il faudra leur dire à un moment donné.

- Je sais oui. Mais chaque chose en son temps.

KENZO

- C'est donc ici, lance Owie alors qu'on vient d'entrer dans une chambre, dans une auberge dont l'adresse m'est revenue en tête plus tôt.

- Apparemment.

- Ca te dit quelque chose?? Parce que la vieille avait pas l'air très sure. Je dirai qu'elle perd un peu la carte.

- Elle a dit qu'elle se souvenait de moi. T'as bien vu son air peiné de me voir sur roulettes.

- Certes.

- Et puis ça a un peu changé mais c'est ça, c'est l'endroit dont je rêve quand je rêve d'elle.

- Sérieux?

- Oui sérieux.  Je te l'ai dit, ça commence à vraiment refaire surface. Je sens qu'il ne me manque presque rien pour me souvenir de tout.

- C'est tout ce que je te souhaite, tu te décideras peut-être à tourner la page pour avancer après ça.

- Arrête, je veux pas caser tout ça dans un coin pour ne plus y repenser, c'est plus que ça.

- Rah tu m'énerves avec ça, elle t'a surement déjà oublié.

- Même si c'est le cas, j'ai besoin de le savoir pour de bon.

- Si tu le dis.

- Au lieu de me contredire, tu peux aller voir derrière le miroir.

- Hein? Pourquoi??

- Parce que je te le demande.