A quelques mètres de là...

KATHERINE

En tout début d'après-midi Morgane m'a déposé ce que j'avais demandé avant de s'éclipser pour aller s'occuper des filles. Cole est parti travailler comme si de rien était. J'ai donc commencé par essayer d'appeler Angel, mais je suis tombée sur sa boîte vocale, j'essaierai à nouveau tout à l'heure. J'étais censée rester au lit, mais c'est plus fort que moi, je me suis levée et j'ai arpenté les couloirs pour trouver mon fils. Seulement la douleur est trop forte et je suis obligée de m'arrêter un instant.

Cette fois il m'a pas râté, ne pus-je m'empêcher de constater avec douleur, j'ai du mal à faire quelques pas si je n'ai pas de cachets et ils sont censé m'en apporter dans une heure... D'ici-là j'ai le temps d'hurler.

- Je peux vous aider ? Entendis-je ce qui me fit revenir à la réalité. Vous n'avez pas vraiment l'air d'aller.

- Dans un hôpital on vient rarement pour une visite de courtoisie, rétorquai-je sèchement ce que je regrette aussitôt. Excusez-moi.

- Y a pas de mal, on mettra ça sur le dos de la douleur.

- Je devrais pas être là, si on me voit, je suis mal, avouai-je, mais je ne sais plus comment avancer.

- Où souhaitez-vous allez? Me demande-t-il gentiment.

- En pédiatrie.

- Ce n'est pas très loin, voulez-vous que je vous aide à vous y rendre?

- J..Je veux pas abuser.

- Si je vous le propose, venez, tenez moi le bras si vous voulez.

- Vraiment?

- Oui, ma cigarette pourra bien attendre quelques minutes de plus.

- Alors j'accepte votre aide, je m'appelle Katherine.

- Owaren, enchanté, sourit-il en m'aidant à me redresser.

- Au fait, vous m'avez pas dit, demandai-je alors qu'on arrive devant la porte que venait de nous indiquer une infirmière, qu'est-ce que vous faites ici? Je veux dire à l'hôpital.

- Je suis venu accompagner un ami, et j'étais parti pour fumer quand je vous ai croisé.

- Excusez-moi, je vous ai retardé.

- Il survivra sans moi, il est dans un hôpital, rit-il, non sans blague, je sers juste de chauffeur.

- Ah d'accord.

- Bon voilà, vous y êtes.

- Merci de m'avoir permis de m'appuyer, c'est moins douloureux.

- Y a pas de quoi. Mia sje peux vous demander qui vous venez voir?

- Mon fils, on est tombé dans l'escalier, enfin c'est compliqué, on a été poussé, enfin tout ça pour dire que j'ai besoin de le voir il est si petit.

- Je raffole pas des gosses mais je tolère pas qu'on s'en prenne à eux, marmonne-t-il.

- Vous me faites penser à quelqu'un, Owaren c'est bien ça?

- C'est ça, j'espère qu'il est moins dépendant que moi à la cigarette, parce qu'il me faut ma dose, là. D'ailleurs, vous voulez que je demande qu'on vienne vous aider pour le retour pendant que je repars?

- C'est pas la peine, on me trouvera, j'en suis sure.

- Comme vous voudrez.

- C'était gentil de vous être arrêté en tout cas, j'oublierai pas.

- Y a pas besoin de me remercier, à une prochaine peut-être.

- Oui peut-être.

Avant d'entrer je prends une profonde inspiration, à entendre Morgane il n'a juste qu'une perfusion mais j'ai peur quand même. Mon bébé, c'est la première fois qu'un des enfants n'est victime d'une colère de Cole, j'espère qu'il va se calmer ensuite, j'espère mais j'y crois pas... Cole est devenu mauvais, pour une raison qu'il faudrait que j'élucide, peut-être que ça m'aiderait à m'en sortir...

Je me décide enfin à ouvrir le plus doucement possible, la peur au ventre.

La première chose que je vois en entrant c'est une couveuse avec un bébé d'à peine quelques jours dedans, j'en ai un pincement au coeur pour lui, c'est triste, si jeune et déjà obligé de subir ça... Puis vînt le tour de ce que je redoutais... Adam.

- Adam, déglutis-je en avancant d'un pas tremblant. Qu'est-ce qu'il t'a fait, sanglotai-je... Qu'est-ce qui peut pousser un être humain à faire tant de mal...

- Réveille-toi mon poussin, fais plaisir à maman, réveille-toi et regarde-moi avec toute la malice que tu détiens, ouvre les yeux mon bonhomme.

A mesure que je parle, mon coeur me fait de plus en plus mal et je me sens fautive pour ce qui est arrivé à mon enfant... J'aurai dû pouvoir le protéger d'un fou comme lui... Je ferai ce qu'il faut à l'avenir... Tout ce qu'il faut.

- Excuse-moi mon bébé, je dois trouver un moyen de vous mettre en sécurité pour de bon... Je ne supporterai pas de perdre l'un de vous deux. Il a déjà tué l'un de mes enfant , il n'en aura pas un autre.

Rien qu'à cette pensée, je titube et suis obligée d'aller m'appuyer contre le mur pour ne pas tomber.

 - Pardon Adam... Pardon d'être aussi lâche.

KENZO

Mon rendez-vous c'était éternisé, mon médecin me reprochant de ne pas y être allé pour connaître le verdict sur mes derniers examens, puis d'avoir reculé mon rendez-vous.  La vérité, c'est que j'avais peur de ce qu'il allait me dire, je m'attendais à tout, sauf à ça... Je repensais à tout ça tout en rejoignant Owie qui devait s'impatienter de ne pas me voir revenir.

- Hey ! A quoi tu penses, lancai-je en le voyant perdu dans ses pensées.

- A tout sauf à toi, rit-il, en se retournant vers moi, j'ai cru que tu en sortirai jamais.

- Oui je sais il a voulu confirmer ses dires, puisque ça fait plusieurs semaines que j'ai passé les radios et tout le bazar.

- Qu'est-ce qu'il a dit?

- Que j'étais débile de toujours reculer.

- Oui non ça je sais déjà, mais pour ton opération c'est nécessaire? Tu peux la faire? Quoi ?? Dis-moi tout.

- L'hématome se résorbe mais à vitesse d'escargot, avec les séances de kiné je peux espérer retrouver mes jambes dans quelques semaines ou quelques années, ce n'est pas impossible comme il le dit souvent de toute façon, c'est aléatoire. Il y a une opération qui pourrait être faite, mais elle est risquée, c'est quitte ou double.

- Tu vas la faire?

- Non, en tout cas pas pour le moment, d'après lui j'ai pas le moral assez costaud pour supporter ça, donc pour l'instant je continue le kiné et je prie pour que ça aille plus vite, ou...

- Ou alors, m'interrompt-il, tu te remues et tu reprends du poil de la bête avec un moral d'acier. Non mais sans blague, on vient de te dire que tu vas vraiment pouvoir remarcher, et toi tu me dis ça, le plus normalement du monde, secoue-toi mon vieux.

- Il l'a toujous dit, ça fait quatre ans, haussai-je les épaules blasés.

- Même si c'est long, n'abandonne pas comme ça. Reprends-toi et bats-toi, pour tes jambes et pour ton fils, avec un moral comme ça ils ne te laisseront pas t'en occuper plus.

- Tu crois que je le sais pas?? J'ai beau avoir fait la morale à l'autre pétasse, je n'ai aucune chance.

- Ou est passé mon meilleur ami? Celui qui se battait quoi qu'il arrive? Je veux le retrouver celui-la.

- Ca fait quatre ans qu'il a disparu.

- Arrête j'aime pas te voir parler comme ça.

- Rentrons, je suis crevé, tu me feras la morale un autre jour.

- Ok, je te ramène, mais promets-moi d'y penser.

- Mais oui, allez pousse, et qu'est-ce que tu regardes là-bas?? Demandai-je alors qu'il regardait dans une autre direction.

- Je viens de revoir passer une fille que j'ai aidé tout à l'heure, je vérifiais qu'elle n'avait pas besoin d'aide pour le retour, mais ça semble aller mieux.

- Même à l'hôpital t'arrive à draguer, tu changeras pas, décidemment.

- C'est pas ce que tu crois, et puis elle est mariée elle portait une alliance, non juste qu'elle avait du mal à marcher, je l'ai aidé, c'est tout.

- Ton bon coeur te perdra.

- C'est moi qui disait ça avant.

- Avant oui, peut-être, mais c'est plus le cas.

- Crétin de pessimiste, on est parti.