J'ai découvert un parc lors d'une de mes promenades et j'y aime bien l'ambiance c'est donc là que je me rends aujourd'hui, j'ai une décision à prendre et plus les jours passent plus je ne sais pas quoi faire. En fait non j'en ai deux. Et je dois donner une réponse impérativement aujourd'hui et l'autre aussi vite que possible.

Je lève les yeux au ciel aussitôt en remarquant encore une fois Salomé au téléphone, je les ai déjà croisé souvent elle et sa fille et c'est toujours la même chose, elle s'occupe de son côté et ne fait pas toujours très attention à ce que fait la petite, d'ailleurs je cherche cette dernière qui doit être dans le coin pour m'assurer qu'elle va bien. On ne sait jamais avec les enfants plus âgés.

J'ai une hésitation en regardant une petite près de la piscine puis je me dis que ça doit être elle alors je me dépêche d'approcher, elle aurait vite fait de tomber.

- Marissa, l'appelai-je avant de l'attraper afin qu'elle ne sursaute pas. Ne t'approche pas de l'eau, les grands pourraient te faire tomber.

- Dani ! Rit-elle en voyant que c'est moi. J'ai pris l'habitude de jouer un peu avec elle quand je les croise, elle est trop craquante. Et je suis surtout désolée pour elle que sa mère la laisse un peu de côté.

- Maman est encore au téléphone? La questionnai-je pour savoir si elle l'avait remarqué.

- Oui. Encore.

- Je vais jouer un peu avec toi, le temps qu'elle finisse.

- Oui !

Je me suis exécutée, parce qu'elle serait capable de retourner près de l'eau. Il me faudra encore parler avec sa mère, ça devient n'importe quoi. Je les connais à peine et je m'occupe déjà plus d'elle que sa propre mère quand je les croise.

J'envoie beaucoup de monde sur les roses depuis mon arrivée ici, je dois l'avouer m'occuper de cette petite me vide la tête, je m'amuse à dire non à sa mère quand elle me demande de la surveiller, je veux le faire si j'en ai l'envie. C'est une chose que j'apprécie de plus en plus, prendre mes propres décisions.

Quand je la regarde s'agiter au téléphone, je suis agacée, je la sais gentille mais aussi très imprudente avec sa fille, j'ai l'impression qu'elle s'en fiche, mais d'un autre côté elle prend le temps de venir au parc, c'est assez contradictoire.

Elle fini par raccrocher alors que je la dévisage et elle se précipite vers moi.

 - Dani, tu es là?

- Oui et toi toujours pendue à ton téléphone, la petite était au bord de la piscine quand je suis arrivée.

-  Elle sait qu'elle ne doit pas y aller.

- Ce n'est pas une raison, sois plus sérieuse.

- J'ai l'impression d'entendre ma mère.

- J'ai le même âge que toi, arrête un peu, soupirai-je en regardant la petite sortir de la piscine à boules. C'est un fait qu'on a remarqué, on a le même âge, j'étais alors plus que surprise qu'elle soit déjà mariée avec un enfant, j'en apprends un peu plus chaque fois, car visiblement Salomé et quelqu'un qui aime parler d'elle, sans rien demander je fini par tout savoir.

- Mais pas les mêmes responsabilités, soupire-t-elle.

- C'est vrai, je ne suis qu'une étudiante qui vit chez papa maman, haussai-je les épaules.

- D'ailleurs, tu n'avais pas une décision à prendre à ce sujet? Me demande-t-elle. En voilà un qui presse effectivement, Lowen n'arrête pas de me le demander, oui ou non je veux vivre avec eux.  Et j'ai fini par lui expliquer à l'occasion d'une rencontre la décision qui me trotte dans la tête.

- Plus j'y pense plus je crois que c'est une mauvaise idée, lancai-je pendant qu'elle attrape deux verres de limonades pour m'en tendre un.

- Pourquoi? Tu ne disais pas vouloir partir de chez toi?

- Si mais pas comme ça. J'adore Lowen mais je pense pas que vivre avec lui soit une bonne idée, il me connaît un peu trop bien.

- Comment tu crois qu'il va le prendre?

- Comme un con mais bon c'est un choix que j'ai pris. Si je pars de chez ma mère, ce sera soit pour vivre avec des inconnus, soit seule, ce sera que mieux. J'en ai assez qu'on me dise quoi faire de ma vie.

- Je vois.

Après avoir passé la journée à l'extérieur, je rentre et me décide à appeler Lowen qui m'a déjà appelé plusieurs fois mais à qui je ne voulais pas répondre sans y avoir pensé bien comme il faut, même si ma décision était prise.

- Enfin, décroche-t-il.

- J'étais occupée.

- Menteuse, je sais que tu filtres. T'as décidé de pas venir c'est ça?

- C'est vrai et tu viens de me prouver que j'avais raison, tu me connais un peu trop bien, je peux pas vivre dans la même maison que toi, Lowen.

- Je savais que ça finirait comme ça. C'est pour ça que je t'ai devancé.

- Comment ça?

- On attendait ta confirmation mais du coup on a notre locataire.

- A quoi ça sert de me le demander dans ce cas?

- Je voulais que ça soit toi mais quand j'ai vu le temps que tu prenais pour te décider j'ai compris.

- Je vois. Du coup qui prend ma place?

- C'est une fille, elle s'appelle Farrah.

- Ok. Ben je la rencontrerai à l'occasion.

- Attends je t'envoie sa photo.

- Ok, le passai-je en haut-parleur pour regarder ce qu'il vient de m'envoyer.

- Elle a l'air cool.

- Elle l'est, je pense que tu t'entendras bien avec elle.

- On verra ça à mon retour.

- D'ailleurs tu rentres quand?

- Aucune idée, je suis bien ici pour le moment je me gère toute seule et j'y prends goût.

- Tu arrives à décompresser?

- Complètement, je sais quoi faire quand j'ai de nouveau les nerfs.

- Ah oui? Tu fais quoi?

- Je vais m'en prendre à une mère de famille qui néglige sa fille.

- Toi? Rit-il.

- Ouai je sais c'est bizarre mais c'est comme ça. Bon allez je te laisse, je dois vérifier quelque chose.

- Ok, à plus.

- A plus.

J'ai réalisé deux choses avec cet appel que j'avais repoussé pour rien.

D'une je suis facilement remplaçable et devinable par Lowen et de deux, c'est ça, c'est pas vraiment le contact avec la mère qui me soulage quand je suis agacée mais celui de la petite. Je suis pourtant pas habituée à aller vers les enfants plus grand mais les tous petits ne me dérangent pas, après tout ce sont les seuls qui ne manipulent pas.

J'hausse les épaules je ne suis pas certaine de ça, j'ai besoin de plus y penser. En allant examiner mon frigo que je découvre vide, je réalise que j'ai oublié de faire les courses.

Ma décision de manger dehors ne traîne pas, j'ai l'habitude maintenant.

Pourtant à peine quelques pas dans la rue fait je me stoppe, je me demande si je vois bien cette personne qui se tient devant moi. Quel culot faut-il pour débarquer ici?

- Salut, lance-t-il ce qui remet en place la voix et le personnage.

- Rhys, t'es sérieux, tu débarques comme ça?

- J'hésitais à venir toquer quand je t'ai vu sortir, hausse-t-il les épaules.

- Qu'est-ce que tu veux?

- Je suis venu te parler face à face.

- Et ils sont au courant les vieux que tu fais ça?

- Ils font des cachoteries? Et bien moi aussi.

- T'es bizarre comme mec, mais comment t'as su l'adresse si c'est pas eux qui te l'ont donné?

- Alex, sourit-il.

- Le vendu, haussai-je la tête.

- T'es en colère après lui à ce que je vois.

- Déçue plutôt. Celui qui m'agace le plus pour le moment mon cher, c'est toi.

- Je sais, j'ai un peu merdé, mais j'ai des explications.

- Foireuses?

- Si être un alcoolique est une bonne excuse, voilà la mienne.

- Pardon?

- Ils ne veulent pas que je te fréquente parce que j'avais de mauvaises habitudes, depuis j'ai arrêté mais quand on a une étiquette... C'est dur de l'enlever.

- Pourquoi j'ai jamais entendu parler de ça?

- Parce qu'ils ne veulent pas répandre la nouvelle, un ado alcoolique ça fait tâche, mais je le fais de moi-même. Ils pensent que j'aurai une mauvais influence sur toi si je suis près de toi, mais ils ont pas tout compris, ils m'incitent à faire le con avec cette attitude.

- Ok, soupirai-je mais à cause de toi on me traite comme un paillasson tu t'en rends compte ou pas?

- J'ai pas réfléchi aux conséquences je suis désolé.

- Écoute j'allais manger tu viens avec moi? Tu vas tout me raconter hors de question que j'ai encore une seule question à ton sujet à la fin de la soirée.

- Ok.

C'est ainsi que dès le repas servi il a commencé à m'expliquer qu'il a eu de mauvaises fréquentations, qu'il a en voulu à son père de pas être là, mais après avoir appris la vérité il s'est un peu calmé. Il admet aussi faire encore quelques mauvais choix. Aujourd'hui il n'a plus les mêmes habitudes ni les mêmes fréquentations, mais ils ont peur qu'il rechute c'est pourquoi ils le tiennent à l'écart de moi, comme si j'étais en porcelaine. C'est une attitude qui l'agace c'est pourquoi il a fait tout ce raffut sans penser aux conséquences.

- Alors du coup, concluai-je, ils veulent pas te croire parce que t'as fait ça, mais t'as fait ça parce qu'ils veulent pas te croire, c'est le serpent qui se mord la queue.

- Je sais, c'est pourquoi j'ai décrété que je devais passer par toi, afin de casser cette boucle infernale.

- Tu te rends compte des débilités que tu peux faire? T'es plus vieux que moi et même moi je sais que c'est des conneries.

- On fait tous des erreurs.

- C'est vrai. Mais je vais pas pouvoir tout oublier. Là il me faut encore du self-contrôle pour pas te mettre deux claques.

- T'es fâchée contre moi encore?

- En restant seule ici je me suis dit que oui tout a commencé à cause de toi, mais les enfoirés c'est ceux qui m'ont marché dessus, pas toi.

- Désolé pour ça.

- Grâce à toi je me méfie de tout le monde.

- Arrête tout le monde ne te veut pas de mal non plus.

- Mais beaucoup me mentent, mes parents ont abusé du mensonge dernièrement. Toi aussi par le biais d'Alexander.

- Alex, visiblement, t'es blessée à cause de lui.

- Je préfère pas parler de lui avec toi, ça va mal finir.

- D'accord, je suis venu apaiser les choses pas rallumer un feu, sourit-il.

- Arrête de sourire, le verre va finir retourner sur ta tête.

- Je sais.

Le dîner s'est terminé sur une conclusion, on va mettre derrière nous tout le passé et voir ce que nous réserve la vie à partir de maintenant. Je sens qu'il a un bon fond mais je vais quand même rester sur mes réserves, de toute façon je n'arriverai pas à faire confiance pleinement pour l'instant. Tout ça est trop bizarre.

- D'ailleurs tu avais pas d'affaires avec toi, t'es venu comment, lui demandai-je alors qu'on sort du restaurant.

- J'ai trouvé un hôtel dans la ville à côté, va falloir que j'y aille d'ailleurs, baille-t-il.

- T'es au courant qu'il y a de la place dans la maison? Pourquoi t'as pas essayé d'abord?

- Je pensais pas que tu serais si ouverte à la discussion pour être honnête. Je pensais me prendre une tarte*.

- C'est vrai qu'en arrivant ici j'étais en colère, prête à exploser mais je me suis calmée et j'ai pris plusieurs décisions. La première c'est de déranger mes parents, donc si tu veux tu peux dormir à la maison, en plus t'as l'air crevé. Il y a des vêtements neufs tu pourras t'en servir, c'est pour ton père après tout.

- J'ai l'impression que tu veux me garder à l’œil.

- Accepte ou non la proposition, baillai-je, moi je suis fatiguée, donc je rentre.

* Une claque ;)